Dimanche 10 septembre : de Bourriot-Bergonce à Bostens

Départ matinal. Merveilleux chemin à travers la forêt landaise, dans le brouillard, en silence. Avec Corinne, nous marchons bien. A la lisière de la forêt, deux faisans s’envolent en criant. Les bruyères sont en fleurs, les épines de pin rouge amortissent nos pas, la terre est sableuse, odeurs de résine et de sciure de bois, gouttes d’eau de pluie comme autant d’étoiles, la forêt se réveille petit à petit et le brouillard se lève. Au loin, les premiers coups de fusil confirment l’ouverture de la chasse.

Les Landes n’ont peut-être pas trop de panache mais il y a eu de grands hommes qui y ont vécu : Henry IV, François Ier, c’est Napoléon III qui oblige à planter les pins pour assécher les marécages invivables. Depuis l’environnement est sain.

Nous arrivons à Roquefort juste quand les cloches sonnent l’appel de la messe. Corinne me rejoindra devant l’église vers midi. A la fin de la messe, un homme me parle : « Vous faites Compostelle? Ah je l’ai fait en juillet, mais en camionnette, c’est différent. » Je lui parle de mon pèlerinage depuis le 21 juillet. Il m’invite pour le repas chez lui, à 10km d’ici, et me ramènera après. Je lui parle de Corinne, il l’invite aussi ! Bon je transmets à Corinne qui est d’accord et nous voilà embarquées dans la voiture de Yan, polonais vivant à Lencouacq seul depuis le décès de son épouse, Bajena, il y a 10 ans; il en parle avec beaucoup d’émotion, même s’il s’est remarié cette année, à l’âge de 72 ans, avec une polonaise qui vit en Pologne. Il a eu une vie hors du commun, terrible par moments et si belle dans d’autres, d’un extrême à l’autre … nous l’écoutons avec notre cœur, bouleversées toutes les deux de cette rencontre inouïe ! Il nous fait visiter sa maison qu’il a retapée de ses mains et de sa sueur, creusant une piscine en 3 mois et demi avec les 4 enfants qu’il a eus avec son épouse et la vingtaine pour qui ils ont été famille d’accueil.

Il nous ramène à Roquefort vers 17h et nous nous mettons en route pour rejoindre le refuge où nous logeons ce dimanche soir! Surprise : trois écureuils voltigent de branche en branche. Vers 18h, une voiture s’arrête à notre niveau : c’est Marie-France, l’hospitalière de Bostens, inquiète de ne pas nous voir arriver, venue à notre rencontre. Elle nous propose de déposer nos sacs à dos au gîte pour continuer à pied, légères; j’accepte, Corinne garde son sac, conforme à ses valeurs. Plus nous avançons en suivant les coquilles, plus nous nous rapprochons de l’autoroute. Nous arrivons au gîte à 19h, juste pour le souper. Les Marie sont arrivées, le couple de hollandais également. Le dîner est délicieux : végétarien, soupe aux orties, carottes rapées et lentilles vertes avec une bonne vinaigrette, piperade et oeuf dur!

Le gîte des 9 fontaines (voir ici) a été créé par un groupe d’opposants à l’autoroute dans le but de maintenir le lieu vivant. Un chèvrier s’est installé et avec trois autres bénévoles, Marie-France s’occupe à merveille de rendre ce gîte confortable : housse cousue mains, broderie d’une coquille sur les essuies, un séchoir à chaussures, tout l’équipement a été rénové avec goût et durablement.  Trois lits superposés pour 6 pèlerins : le compte est bon!

Et une journée magnifique, une de plus. Merci le Chemin!