Vendredi 11 août – 22ème jour – d’Orléans à Nouan-le-Fuzelier

Ce vendredi je pensais loger à la Ferté-Saint-Aubin, à 23 km d’Orléans. 10 coups de téléphone n’ont rien donné : tout est complet ou fermé pour cause de vacances. Mon amie orléanaise Brigitte me propose une solution de rechange : « Téléphone à la Communauté des Béatitudes, et s’ils ont une place pour toi, tu marches jusqu’à La Ferté Saint-Aubin où tu prends le train vers Nouan-le-Fuzelier ». Le onzième coup de téléphone fut enfin le bon ! Le frère Claude de l’Enfant-Jésus me répond oui tout de suite en me précisant que commence leur festival d’été et donc qu’il y aura beaucoup de monde, des familles principalement. Je me mets donc en route en ayant pris soin de regarder les horaires SNCF, il y a quatre trains cet après-midi, le dernier à 19h04. Brigitte marche à mes côtés jusqu’à la sortie d’Orléans. Nous traversons la Loire par le pont Royal, puis marchons direction sud-est. Nous nous disons au-revoir, elle part avec son mari dans leur maison de campagne située justement sur le chemin d’Elodie; ils l’accueilleront avec générosité cette nuit.

Jusqu’à Saint-Cyr-en-Val, tronçon dangereux par la départementale D126, je marche à gauche. Quand une auto arrive, je me déporte sur le bas-côté, quand deux camions se croisent à ma hauteur, le déplacement d’air me fait chanceler ! Je suis à nouveau seule. Elodie a-t-elle trouvé un(e) pèlerin(e) à la halte jacquaire d’Orléans? Marche-t-elle seule à nouveau également? no lo sé.

Pique-nique de 30 minutes (j’ai un train à prendre !) dans le parc de loisirs de St-Cyr-en-Val où je croise un pêcheur peu bavard. A la sortie du parc, je débouche sur un terrain de la mairie où un ouvrier communal décharge un camion-benne de tailles dans un container. Olivier connaît bien les chemins de promenade, et aussi Compostelle car ses parents l’ont fait en 4 ans consécutifs. Mon ange du jour me détaille bien les cartes de Mylène que j’ai imprimées en couleur. S’ensuit une après-midi de solitude bien vécue dans la forêt et les bois de Sologne. Je suis émerveillée par tout ce qui m’entoure, les oiseaux, les arbres, la chance de vivre cette marche, le soleil luit à travers les nuages, le temps est idéal pour marcher avec un sac à dos. De loin, j’aperçois une forme bouger. Peu à peu je distingue un homme qui marche seul, il a des guêtres et il porte un parapluie : « On ne croise pas beaucoup de monde ici! » lui dis-je quand nous nous croisons. Il me répond « En effet, vous êtes la première personne à qui je parle aujourd’hui! » Il  me montre son parcours dans la forêt sur les cartes imprimées et me donne des détails pour mon Chemin, il s’appelle Michel et nous nous quittons en nous souhaitant bonne route.

Je ne traîne pas en route mais le temps passe et il me reste encore une heure à marcher avant d’arriver à la gare. Une douleur s’installe au niveau de la bretelle droite du sac à dos. Elle s’impose et prend toute la place, le stress de rater le train, le mental s’emballe. Vais-je avoir assez d’eau? Que va-t-il se passer ce soir? Je choisis de marcher confiante, je focalise sur la respiration : trois pas à l’inspir, six pas ou plus à l’expir, un temps poumons vides, les omoplates se rapprochent de la colonne vertébrale, et je me propulse en avant en poussant les bâtons dans la terre. J’arrive sur une petite route et je fais du stop. Très peu de circulation sur cette route et quelques voitures passent sans s’arrêter. Enfin, une voiture s’arrête. Son chauffeur habite à côté de la gare et m’embarque, il s’appelle Jérémy.

Je prends le train de 18h04 (l’avant-dernier) et arrive à 18h20. Un ticket à 5,30 euros, le budget me le permet. C’est Sœur Marie-Madeleine qui vient me chercher à la gare et qui me dit : « Quoi, tu vas déjà partir demain matin? Ah Non, pas possible. Tu dois découvrir ce qu’est la Communauté, tu restes samedi et tu repars dimanche, c’est notre Festival d’Eté, tout un programme ! » Je lui réponds poliment que je verrai bien demain.

A peine ai-je déposé le sac à dos et les chaussures dans la chambre que c’est l’heure du souper, et juste après de la veillée dans l’église de la Communauté. J’y découvre une manière de prier, nouvelle pour moi, bras levés au-dessus de la tête, paumes dirigées vers le ciel, dansant, les chants (paroles projetées sur grand écran) sont accompagnés de clavier, flûte traversière, deux guitares, djembé, des tapis accueillent plein d’enfants, plein d’ados, il y a des petits bancs de méditation, deux grands tissus (un rouge drapé au-dessus de l’autel et un jaune au niveau du chœur) colorent le tableau. Quelle vie ici, quel souffle nouveau !

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