23, 24, 25 et 26èmes étapes

Lundi 14 août : de Vierzon à Charost (prononcez Charô)

Lever à 7h15, empaquettage, bouclage, 1 café et départ à 8h30. En route pour 28 km de goudron.

Halte banane à Mereau en face de l’école et spectacle de vols d’entraînement par un groupe d’hirondelles de l’année.

Halte poires du Chemin à Lury-sur-Arnon

Halte raisins à Reuilly : photo du premier vignoble.

Pique-nique d’une heure à Lazenay, à l’ombre de tilleuls. Puis c’est toujours tout droit. A Poisieux, un homme d’un grand âge remplit ma bouteille d’eau. J’apprends qu’il a des cousins à Frameries ! Que le monde est petit.

A Charost, j’ai marché 7h30, à mon rythme : grande fierté ! J’ai réservé une place au refuge municipal réservé aux pèlerins porteurs d’une crédenciale. Ce refuge est très bien aménagé dans l’ancien studio de l’instituteur. Rencontre avec deux pèlerins : Yanusz, pèlerin vétéran polonais de 66 ans, en vélo et Nico, 23 ans, qui nous explique à Yanusz et moi qu’il a fait vœu de pauvreté sur le Chemin et qui se débrouille assez bien depuis Vesoul le 1er août. Il écrit un mémoire sur cette expérience et le publiera gratuitement sur Internet par la suite.

Mardi 15 août : de Charost à Neuvy-Pailloux

Yanusz fera étape ce soir à Chateauroux; nous nous disons au-revoir. Il me dit : « Tu es la deuxième femme en solitaire que je rencontre sur le Chemin ».

En avant, avec Nico jusqu’à Issoudun, à 11 km par un petit chemin de terre. En sortant d’Intermarché où j’ai fait quelques courses pour deux (Nico cuisinera ce soir et nous partagerons le repas), l’orage éclate. Nous trouvons refuge sous l’auvent de Patapain. Merci le Chemin ! Puis c’est un jeu de cape de pluie : j’la mets, j’l’enlève, j’la remets, j’la réenlève, toute la journée.  A Thizay, halte pique-nique au cimetière à 13h30 après 22,5 km. Rencontre de Dominique, de Lyon, venue nettoyer la tombe de sa maman. Elle pique-nique avec nous et nous l’écoutons car elle a un grand besoin de raconter son histoire.

Nous logeons chez Monique Richard qui nous accueille dans sa maison alors qu’elle-même est en long week-end à Vannes avec des amis ! Je lui téléphone donc quand nous arrivons devant sa maison et elle nous guide par téléphone : la clé est à tel endroit, montez, installez vous dans telle chambre, la salle de bains est là, et utilisez la cuisine, servez vous une bière, prenez du fromage dans le frigo… tout est propre, en ordre,  Alors ça si c’est pas de la confiance en l’humanité ! Si le Chemin transforme la pèlerine, c’est bien ici, à Neuvy-Pailloux, que l’exemple de Monique peut me transformer. Heureusement que nous étions deux, nous sommes nous dit, car nous aurions eu l’impression d’être intrus.

Nico nous cuisine des pitas : un peu de farine, d’eau, de bière, de curcuma et de sel, le tout pétri à la main, fourrées de carottes râpées et d’un poivron coupé en petits dés, un vrai délice !

Le plateau de fromages nous semble bizarre : tous les fromages sont recouverts de moisissures. C’est le fromage local : le Pouligny-Saint-Pierre, un fromage de chèvre bien plus délicieux que son apparence ne le faisait croire ici

Nous dormons dans des draps de flanelle, quelle douceur ….

 

 

 

Mercredi 16 août : de Neuvy-Pailloux à Déols

Appréhension de réenfiler le sac à dos ce matin, j’ai très mal à l’endroit de la bretelle de mon sac à dos : une boule s’est formée sur la clavicule, j’arrange un système D en fixant un « bof » avec une épingle de sûreté. Un grand mot dans le livre d’or de Monique, un café, tout ça en traînant à peine, si bien que nous partons à 10 heures. Jamais partie si tard !

Nous rejoignons le Chemin par la D12 juste après Sainte-Fauste puis par des chemins de terre jusqu’à Diors, l’église de Notre Dame des ailes où nous nous reposons longuement en papotant. Nous finissons par avoir faim et nous pique-niquons sans regarder l’heure. Quand nous redémarrons, il est passé 13h, nous saluons une famille en vacances, nous passons à côté d’un panneau que je ne lis pas mais Nico lit à haute voix « bus gratuits ». Nous regardons les horaires, il y en a qui passe à 13h14, il était 13h09. A 13h12, Nico envoie un sms de demande d’information et reçoit en réponse « problème technique ». Mais à 13h14, le bus s’arrête devant nous et nous montons. L’une des singularités de l’agglomération et de la ville de Châteauroux est de proposer un accès gratuit à son réseau de bus urbain Horizon.article Le Monde sur la gratuité des bus à Chateauroux et ailleurs

Arrivée un peu après 14heures, j’ai beaucoup de temps devant moi avant de rejoindre la halte jacquaire. Nico loge ce soir chez des amis à Chateauroux et nous nous séparons en échangeant nos numéros de portable. Je décide d’acheter un nouveau sac à dos, cela n’a pas de sens de souffrir sur le Chemin. Ayant confié le sac et les bâtons à Nadine et Laurent, de la Brasserie Le Voltaire, je prends le bus gratuit jusqu’à la zone commerciale où une célèbre marque bleue d’articles de sport a un magasin. De retour une heure plus tard, je transvase les affaires et Laurent me propose d’écrire un mot sur l’ancien en le laissant pour qui le voudra : « Ce sac parti le 21/7/17 de Tourpes pour Saint-Jacques convient mieux à de plus courtes marches. A Chateauroux, le 16/08/17. www.singuli-air.be » Peut-être recevrai-je un commentaire de celui ou celle qui l’aura adopté.

 

 

 

 

Au gîte de Déols, Regina m’accueille comme son ange. Âgée de 63 ans, allemande, elle est partie de Bourges depuis deux jours, mais chemine sans carte, elle ne parle pas français. Ce jour a été sa pire étape, elle s’est perdue, elle est épuisée, crevée, découragée. Toc toc toc à la porte : c’est Monique, rentrée de Vannes, avec « the » galette de pommes de terre et le dessert. Surprise ! Que d’émotions, en une seule journée. Partage du repas : lentilles vertes du Berry achetées à l’Office du Tourisme de Déols, petites saucisses trouvées à grand peine par Monique car tout est fermé ou en vacances, dessert au chocolat avec crème pistache de Monique.

Avant de plonger dans les bras de Morphée, Regina me dit « I am happy, it’s so fine to meet you  »

Jeudi 17 août : de Déols à Velles

Départ à 8h. Nous prenons le bus jusqu’à Chateauroux où Regina m’offre un café. Nico nous rejoint à la gare des bus et nous prenons le 3 pour le terminus Le Poinçonnet. 6 km de repos pour l’épaule, ça ne se refuse pas. Le Sage a dit dans sa lucidité : le Chemin ne se mesure pas en kilomètres, mais en jours de bonheur. A la poste, je renvoie à la maison 500g de pages des guides « Miam miam dodo dodo » et « Lepère » inutiles. ça compte, je vous assure. Nico endosse le rôle de navigateur et nous traversons la forêt domaniale de Chateauroux pendant 14km jusqu’à Velles. Des chemins de terre, boisés comme je les aime. voir ci-joint une vidéo filmée en ces lieux avec mon gsm, excusez la qualité de l’image

En passant devant le n°8 du Chemin Creux, nous entendons une voix « Eh, arrêtez-vous » Nous nous arrêtons et entrons dans le jardin, présentations respectives. Trois hommes sont à la plancha et cuisent des saucisses et des sardines. Une dizaine de personnes sont attablées à l’ombre et Bruno, le propriétaire, nous explique : nous faisons une fête de voisins et d’amis, vous allez manger avec nous, Barbecue, qu’est-ce que vous buvez? Une pousse d’épines, c’est maison? des tiges de ronce macérées dans du vin rosé et de l’eau de vie. Echange de regards entre Nico, Regina et moi, que décidons-nous? Nous acceptons. S’ensuit un repas de fête, une après-midi de vacances, une partie de pétanque. Finalement, Bruno nous dit : ‘J’ai deux chambres libres, vous allez dormir ici! » Bon …. d’accord. C’est incroyable mais vrai, ce Chemin est merveilleux d’accueil, d’hospitalité, de générosité.

En fin de journée, Bruno nous prévient que trois Manouches vont passer et que nous ne devons pas avoir peur d’eux, ce sont ses amis. Les amis de nos amis sont nos amis, c’est connu. Eh bien, j’ai rencontré « Le diamant », son gendre Isaac, pasteur évangéliste, et son petit-fils Domingo. Nous échangeons sur notre foi, causons de nos expériences. De très belles rencontres, en vérité. C’était un de mes vœux sur ce pélé, rencontrer des gens du voyage. Je suis émue jusqu’au tréfonds de mon être.

Vendredi 18 août : de Velles à Saint-Marcel

Lever à 7h, café à 8h, la télévision allumée nous apprend le drame de Barcelone. Incompréhension, peine, tristesse.

La route nous appelle et nous saluons notre hôte, le remercions comme il convient, échangeant nos numéros de téléphone. Une étape de 20,5 km nous mène au nord d’Argenton-sur-Creuse. La météo a annoncé de la pluie pour toute la journée. Nous marchons d’un bon pas, quasi sans pause, espérant arriver avant la pluie. Des gouttes nous rafraîchissent un temps. Mais vers 11h30, un gros nuage noir menace, et la pluie arrive quand même : pas une petite averse contre laquelle nous pouvons nous abriter sous un arbre. Non, la vraie drache qui mouille. Petit à petit, nous sommes percés et arrivons à la halte jacquaire de Saint-Marcel vers 13h30 complètement trempés.

Françoise et Gérard proposent leur maison dans la rue Saint-Jacques à ceux qui veulent loger bon marché. C’est une toute petite maison, dont chaque centimètre carré est exploité. Tout est mini, emboîté, un vrai Tetris. Françoise m’offre l’accès à son ordinateur, ce qui me permet de vous rassurer, tout va bien comme vous lisez. Merci pour tous vos commentaires. J’ai rajouté dans l’onglet Liens le lien vers la page « carte du pèlerinage » mais sans réussir à l’ouvrir dans une nouvelle fenêtre d’internet. J’ai peu de temps, je dois rendre l’ordinateur. Des bisous.

Françoise a invité des voisins parlant allemand en l’honneur de Regina. Deux pèlerines belges, Marijke et Eline toutes deux de Rotselaar près de Leuven, nous ont rejoint pour cette nuit. Nous sommes donc neuf à l’apéro, c’est la fête ! Nico nous régale d’une tarte aux pommes ramassées sur le Chemin succulente ! Françoise, toute jeune retraitée depuis juin 2017, était informaticienne. Elle a commencé comme développeuse, a suivi toute l’évolution de l’informatisation, a terminé sa carrière comme analyste, est très consciente de la difficulté des gens de 50 ans et plus qui ont connu le travail à l’ordinateur avant et qui doivent s’adapter ….

Appel de Bruno : il vient me rejoindre à Eguzon samedi soir. YOUPIE!

4 Replies to “23, 24, 25 et 26èmes étapes”

  1. Chère Fabienne, A Charost, tu as marché 7h30, à ton rythme : grande fierté ! Tu peux franchement être fière. Ton périple force le respect. Et en plus, tu prends encore le temps de nous partager ta route. Chapeau bas !
    Question : Pas de photo du partage si magnifique dans le jardin de Bruno à Velles ? J’aimerais agrémenter la carte de ce souvenir, mais même google street n’a pas photographié le chemin creux. Idem pour la maison tetris de Françoise et Gérard à St Marcel. Bonne route à toi et merci merci pour tous tes posts.

  2. marie line carpriaux dit : Répondre

    A mesure que je lis tes commentaires, je t’imagine avec plein de « petites étoiles dans les yeux » comme les enfants qui découvrent un monde enchanté. Je suis ravie pour toi de tout ce que tu vis, des rencontres que tu fais et de la force dont tu fais preuve pour poursuivre ton chemin. A bientôt, bisous, Maryline

  3. Nous suivons ton parcours, chaque jeudi au moment de la célébration. Chacun est « soufflé » de tes observations. De plus, tes commentaires sont très intéressants, on a un peu l’impression d’être dans le sac, le nouveau, je précise…
    En pélé à Banneux le 15 août, avec un groupe de malades, j’ai plongé les mains dans la source à la Vierge des pauvres, et ai pensé à toi.
    Merci pour les nouvelles et bonne route. Ici, également, à Leuze, météo mitigée, pluie par intermittence, puis soleil et vent.
    A bientôt.
    Yvette de l’aumônerie de St Jean de Dieu

  4. Bonjour,
    J’ai tardé à réagir mais il est vrai que pendant les congés, ce fut la déconnexion complète.
    J’ai cependant suivi ton parcours surtout ces derniers jours à l’occasion de la reprise du travail. Il est vrai qu’après la journée de travail, il me faut beaucoup de courage pour me remettre en face de l’ordinateur. Je suis très heureuse de te voir profiter pleinement de ces moments exceptionnels de rencontres, de découvrir qu’il existe encore des hommes et des femmes simples et généreux. Sans le savoir, tu m’offres là de merveilleuses bouffées d’oxygène. Continue bien à savourer tout cela, à prendre bien soin de toi.
    Bisous à toi et à bientôt
    Claudine

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